Jean-Yves, l'intégrale du Chemin
Ils ont fait Compostelle
Jean-Yves s'est lancé sur le Chemin de Compostelle. Un défi pour effectuer cette itinérance dans son intégralité, depuis le Puy-en-Velay jusqu'à Santiago. Découvrez son témoignage et les raisons qui l'ont poussé à tenter cette aventure et la réussir !
Une première expérience en itinérance
Depuis plus de quarante ans, je rêvais de parcourir l'intégralité du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Et je me suis décidé. Peu habitué à la randonnée, je décide de me faire aider par Via Compostela qui se charge des réservations des hébergements et me fournit un carnet de route ; je pars donc tranquille côté organisation. Mon angoisse était ailleurs : allais-je tenir le coup ? Quel défi pour moi, humble marcheur du dimanche… Je démarre mon chemin le 7 août à Beaune en espérant rallier Saint-Jacques après 87 jours de marche et près de 2000 km.
L'esprit du chemin, partout
Je pensais partir pour une belle randonnée sportive, culturelle et touristique, mais l'esprit du Chemin s'insinua en moi en douceur. D'abord, la lenteur du déplacement, la beauté des paysages traversés, les églises, la faune surprise au petit matin, la gentillesse des personnes rencontrées sur le chemin, l'accueil de mes hôtes. Et tous ces randonneurs venus du monde entier qui marchèrent à mes côtés. Un sourire, un mot, un bout de chemin ensemble, et ces complicités qui se nouent, très rapidement.
Le pèlerin accepte l'autre simplement sans préjugé... Qu'importe qui on est. Et toujours cette envie de partage et d'entraide. Que de moments de bonheur partagés, souvent autour d'un verre ou d'un repas. Le Chemin s'imposa aussi à moi physiquement. Parfois violemment. Les douleurs physiques, la fatigue qui s'accumule, les coups de cafards, la chaleur, le froid, la pluie, la boue... J'ai perdu 10 kg, et pourtant, je dévorais ; mais chaque jour, je repartais vivre cette formidable expérience. Et pendant tout ce temps, l'esprit gamberge... Il a le temps... Rêveries d'un marcheur solitaire. Passé, présent, avenir : tout est là ! Je fais le tri, je me découvre, et finalement je me reconstruis. Se vider pour mieux lâcher prise... Il faut du temps, mais quel sentiment de plénitude.
Santiago, le bouleversement
Et au bout du chemin, l'apothéose : l'arrivée à Saint-Jacques... moment tant attendu. Bouleversement total. Immense joie d'être allé au bout, et pourtant je suis hébété, perdu, vide. Les émotions remontent à la surface, impossible de lutter : je pleure, je ris, je plane ! Mais c'est aussi le temps des adieux, des promesses et du retour. Pour moi, il y a maintenant un avant et un après Compostelle.