Ils ont fait Compostelle en famille

Aurélie et Laurent

Ils ont fait compostelle en famille

Ils aimaient la marche, les rencontres et les découvertes qu'un tel voyage engendre. Ils avaient entendu que chaque personne ayant cheminé vers Santiago revenait avec quelque chose de nouveau en lui, et ils ont eu envie de vivre, eux aussi, cette belle expérience. Aurélie et Laurent ont cheminé jusqu'à Compostelle avec leurs deux enfants.

Aurélie Derreumaux nous raconte : "Le projet a grandi en nous et lorsque nous avons estimé que les enfants étaient assez grands pour un tel voyage, nous avons pris nos sacs à dos. Nous sommes partis en mai du Puy-en-Velay et avons suivi la Via Podiensis, nous avons franchi les Pyrénées entre Saint-Jean-Pied-de-Port et Roncevaux et avons continué sur le Camino Francés jusqu'à Saint-Jacques de Compostelle, où nous sommes arrivés en août."

"Ce chemin a bien un supplément d'âme que l'on ne trouve nulle part ailleurs. Nous avons rencontré des personnes touchantes, qui parfois nous ont apporté un bout de bonheur dans un moment où nous nous sentions fourbus et fatigués. Je me souviens de Vincent, Canadien d'une cinquantaine d'années rencontré près de Barcelone-du-Gers. Il avait traversé la moitié du globe parce que paraît-il, on trouve des "choses" sur le Chemin. Je lui ai demandé de m'expliquer. Avant de partir, j'ai rencontré quelqu'un, m'a-t-il dit. Je tenais vraiment à ce pèlerinage, j'ai décidé de partir quand même. Nous nous connaissons seulement depuis 3 mois À mon retour au Canada, je la demanderai en mariage ! Quelle spontanéité !"

Compostelle en famille

 

1650 km, 4 mois de marche avec leurs 2 enfants

Marcher dans la même direction, être en position de vulnérabilité face aux éléments et à l'effort rend les gens plus accessibles, et les conversations plus faciles. "Je me souviens d'Esther qui a sorti son accordéon pour accompagner nos pas lorsque nous avons quitté son gîte, "L'atelier aux volets bleus" à Gréalou. Accueillis dans des lieux extraordinaires comme l'Abbaye de Conques ou encore la Chapelle d'Aire-sur-l'Adour, transformée en gîte, nous avons été très marqués par l'esprit d'ouverture des hôtes et la facilité avec laquelle nous tissions des liens avec les pèlerins. Et nous avons développé une belle amitié avec Marie et Jorge qui cheminaient avec leur petite fille de 10 mois sur la MesetaLa dimension humaine est très présente sur le Chemin."

Mais le voyage ne fut pas de tout repos, bien au contraire ! La neige dans l'Aubrac (en plein mois de mai !), la pluie et la boue à Estaing, la grêle à Logroño en Espagne, la canicule sur la Meseta… Rien ne leur a été épargné ! Ils adaptent leur progression en fonction des enfants. Pendant les jours de canicule par exemple, ils marchent en fin de journée, quand les températures sont douces. "Nous avons commencé à marcher peu de kilomètres par jour (environ 8-10 km) puis nous avons augmenté progressivement pour arriver à 15-20 km quotidien en Espagne. Nous avions une charrette pour Eva et un porte-bébé pour Maxime. Mais dès que le chemin devenait difficile à pratiquer (dénivelés trop forts, beaucoup de pierres ou de boue), Eva continuait à pied. À 4 ans, elle a donc fait une grande partie du Chemin en marchant et elle a franchi entièrement les Pyrénées !"

 

Après Compostelle

Partir en famille était un choix mûrement réfléchi. Ils sont persuadés qu'une telle expérience restera gravée en eux. "Nous avons réalisé ce voyage dans une démarche de transmission à nos enfants. Eva a été particulièrement réceptive et nous avons beaucoup parlé de la vie et ce qu'il y a après… Nous avons connu des moments absolument inoubliables comme la fête de la transhumance dans l'Aubrac ou la feria de San Fermin à Pampelune… La traversée des Pyrénées dans le brouillard restera également l'un des souvenirs les plus forts du voyage." Après un tel parcours, l'arrivée à Compostelle fut remplie d'émotion, surtout lorsque les enfants ont enfin "rencontré Jacques", celui dont ils suivaient les signes sur le Chemin. 

Revenus chez eux en Normandie, la famille continue à faire vivre ce voyage. "Eva en a parlé à ses petits camarades de classe en leur montrant une carte du chemin parcouru et des photos. Beaucoup de personnes nous interrogent sur cette expérience, certains aimeraient aussi se lancer mais les appréhensions sont nombreuses. Nous échangeons avec eux, donnons des conseils sur les parties du Chemin qui sont plus ou moins faciles à pratiquer avec des enfants. Nous espérons qu'à leur tour, ils s'élanceront !" Une chose est sûre, Compostelle n'est pas la dernière aventure que vivra ensemble cette famille hors du commun !

Chemin(s), le magazine

Un témoignage à retrouver dans le volume (2) de notre magazine chemin(s)