Eloisa, la traversée des Pyrénées
Ils ont fait Compostelle
Tous les ans, Eloisa fait une partie du Chemin avec Via Compostela. Arrivée à la fin de la Voie du Puy, elle a marché ensuite de Navarrenx dans le Pays Basque à León sur le Camino Francés, d’abord avec une amie, puis seule. Elle nous partage trois souvenirs, trois moments forts de son étape.
Navarrenx & Saint-Jean-Pied-de-Port
Au milieu de la campagne, entre Navarrenx et Saint-Jean-Pied-de-Port, le brouillard du matin s'accroche aux collines. Des joyeux cochons de ferme courent à notre rencontre dans une danse d'oreilles, la lumière caresse les arbres. La veille, nous étions les seules pèlerines à table et les fermiers qui nous ont hébergées nous ont servi un repas gargantuesque !
La traversée des Pyrénées
La route monte. Un jeune, pieds nus, nous dépasse avec un pas de guerre. Je dis à mon amie Sara de ne pas s'en faire, que nous pouvons ralentir encore, le temps que l'anti-inflammatoire agisse sur sa cheville... Les entorses, ça ne rigole pas. Nous prenons le temps de dire au revoir à la France et de laisser le parfum de l'Espagne nous rejoindre. Les gens ont augmenté sensiblement en nombre depuis Saint-Jean-Pied-de-Port. Ensemble, nous formons une longue lignée de marcheurs sur une route en asphalte qui monte sans fin.
Les souffles, la chaleur, la joie d'une fontaine, le plateau qui s'éloigne, le ciel qui s'approche. Trois heures plus tard, la route monte toujours. La chaleur est lourde, le vent a cessé de souffler. Une pierre nous souhaite la bienvenue en Navarre. Les montagnes s'emplissent de fleurs violettes et de hêtres tordus. Nous marchons des heures encore, nous trainons les pieds, nous n'en pouvons plus, la descente est si raide... Un petit pont se révèle soudain. Un son de cloche. La sévérité de la bâtisse de Roncevaux apparaît parmi les arbres. L'arrivée ! Quelle joie ! L'hôtel nous accueille - essoufflées - dans la fraicheur de son sol en petits cailloux. Notre chambre est un rêve, un régal de silence, parfum de linges propres et de savon.
Santo Domingo de la Calzada & León
Sara est rentrée en Suisse. Je repars seule sur une longue route dans l'immensité de la Meseta qui me remplit de ses couleurs dorées. La lumière du petit matin teinte d'orange les champs de blé fraîchement taillés. Ce matin, le silence et les couleurs me comblent de joie : j'ai trouvé mon petit coin de solitude. Surprise, je ne vois ni pèlerins devant, ni derrière moi. Sur le Camino Francés, c'est un évènement. L'horizon giflé par le vent est orné de pâles éoliennes qui tournent dans le ciel : je réalise alors n'avoir jamais terminé mon Don Quichotte.
L’esprit libre
"Lorsque j'ai voulu entreprendre ma première randonnée sur le Chemin en 2017, je suis tombée par hasard sur le site web de Via Compostela. Je voyage beaucoup et j'ai l'habitude de tout organiser moi-même, mais la fatigue et le travail ont rendu l'idée de laisser une agence s'occuper de tout soudainement très alléchante. J'ai choisi de porter mon sac moi-même et décidé de voyager seule, la solitude en marche étant pour moi très importante. Par conséquent, j'ai choisi la formule en hôtels ou chambre d'hôtes en chambre individuelle. La demi-pension étant prévue et tout étant réglé par avance, j'ai pu partir la tête libre. J'étais en train de m'offrir l'une des expériences les plus profondes de ma vie. Je n'ai plus arrêté ! En 2018 et 2019, mon amie Sara m'a accompagnée sur une partie du parcours. Le mélange de partage et de marche en solitaire s'est révélé tout autant gagnant."