idées de voyages

De Trondheim à Santiago

Un monde à vélo

Passionnés de voyages à vélo, Mila et Denni souhaitaient donner du sens à leur nouveau projet, en rejoignant une destination à la symbolique forte et spirituelle. C’est donc naturellement que s’est imposée l’idée de relier la ville norvégienne de Trondheim, intimement liée aux chemins de pèlerinage (citons, par exemple, les chemins de Saint-Olav), à la mythique Saint-Jacques-de-Compostelle. Sur pas moins de 5 600 km, ils explorent un itinéraire aux multiples facettes, souvent en solitaire. Compostelle, étape finale de ce périple, se présente comme l’aboutissement d’un parcours fort introspectif.

Sur les chemins du Camino Francés à vélo - M. Colas

 

Après quelques semaines à pédaler à travers la Norvège, le Danemark et l’Allemagne, ils sont frappés par le calme paisible régnant sur l’itinéraire de l’EuroVelo 3 à la traversée de la frontière entre la Belgique et la France. Au cœur de tunnels de verdure et au fil de l’eau, cette déambulation contemplative les mène jusqu’à la cacophonie de Paris. Puis, ils entament une épopée intime et solitaire, croisant sur les chemins peu de pèlerins et découvrant les bonheurs de la méditation en sillonnant les paysages vallonnés du centre de la France.

« C’est tout à fait ce que nous étions venus chercher en empruntant un itinéraire cyclable encore confidentiel » souligne Mila. « Nous avons éprouvé le plus grand plaisir à ce retour à l’essentiel, où l’unique objectif de la journée était de trouver de quoi manger et où dormir. Nous avons savouré chaque kilomètre. » Avec les 1700 km nécessaires à la traversée de la France, il leur a fallu un mois et demi pour atteindre le Camino Francés, à Saint-Jean-Pied-de-Port, où l’ambiance change du tout au tout pour les deux acolytes.

 

De l'intime à l'échange

Quelques kilomètres avant Saint-Jean-Pied-de-Port, des dizaines de pèlerins, pour la grande majorité à pied, les accompagnent désormais dans leurs péripéties. C’est un plaisir de retrouver les échanges et de découvrir la véritable âme de Compostelle, celle qui fait la richesse des chemins. Malgré des conditions plus aisées que celles des piétons (à vélo, le poids est sur la monture, pas sur le dos !), ce sont les encouragements des marcheurs qui les font avancer jusqu’aux sommets des Pyrénées.

Sur le Camino Francés, la vie du cycliste est facilitée. Désormais, les gîtes d’étape, restaurants et supérettes sont plus nombreux. Alors que les journées oscillent entre chaleur cuisante et fraîcheur nocturne de la saison automnale, Mila et Denni ne s’inquiètent plus de savoir s’ils peuvent dormir au chaud le soir. Les voyageurs à vélo sont acceptés dans les auberges… à condition d’être dotés d’une crédencial !

Paysages en Espagne sur le Camino Norte vers Compostelle - M. Colas

 

En chemin, Mila et Denni rencontrent une famille française, à vélo avec leurs trois enfants. Empruntant ensemble davantage les routes parallèles que le Camino, la marche est un vrai moment d’échanges, propice à une amitié grandissante. Le vent de face, bête noire du cycliste, et les difficultés du parcours les amènent à partager leurs sensations le soir, autour d’un bon repas. Chacun permet à l’autre d’avancer.

Une famille qui impressionne Denni : « Nous sommes en admiration devant cette famille courageuse. En tandem, ils poussent les vélos pendant que les enfants dorment dans la carriole ou sur le vélo. Ils abordent la dernière étape de leur grand voyage avec beaucoup de force. »

Cyclistes devant la cathédrale de Compostelle

Mila & Denni

Mila et Denni sont créateurs de contenus et aventuriers à vélo. Leur premier périple de 8000 km à travers l’Europe en 2017, les a convaincus d’en faire leur mode de vie. Depuis, ce couple franco-italien se lance chaque année dans une nouvelle aventure. La dernière en date les a menés jusqu’en Géorgie, accompagnés d’un chiot trouvé sur le bord de la route. Pour aider d’autres voyageurs à se lancer, ils donnent des conseils utiles et partagent leurs expériences du voyage à vélo sur leur blog, www.un-monde-a-velo.com

 

À vélo, la liberté

La liberté : c’est ce qui fait, pour eux, tout le charme d’un périple à vélo. Quel plaisir pour le couple de prendre le temps de se détourner d’une étape des chemins de Saint-Jacques… « Je me souviens qu’à Estrella, nous avons vu l’affiche d’un site magnifique qui se trouvait à une vingtaine de kilomètres de la ville. Nous avons pris la demi-journée pour aller découvrir cet espace naturel spectaculaire en pleine montagne ». La possibilité de choisir entre route et chemin est également un excellent point, d’autant plus que sur l’itinéraire qu’ils ont choisi, certaines étapes ne sont accessibles qu’avec un bon VTT et sans un trop gros chargement de bagages…

Les kilomètres en Espagne sont magiques, à travers les belles petites villes aux charmes incontestables, avec leurs églises anciennes et leurs rues pavées. Entre les villages, un paysage vallonné, désertique et engageant met le cycliste au défi. Quelques cols parsèment l’itinéraire avec leurs lots de difficultés qui font appel à la détermination des deux voyageurs.

Plus la destination approche, plus les pèlerins sont nombreux, y compris à vélo. Avec des étapes d’environ 60 km par jour, les liens se tissent et se délient avec les marcheurs dont le rythme est plus lent.

C’est le cœur chargé d’émotion que Mila et Denni rejoignent Saint-Jacques-de-Compostelle accompagnés d’autres cyclistes avec qui ils partagent ce moment unique. La cathédrale se présente enfin dans toute sa splendeur. Mila indique : « À l’arrivée, nos sentiments sont ambigus, un mélange de fierté, de reconnaissance d’être parvenus à notre objectif, et d’une tristesse mélancolique liée à la fin de ce voyage magnifique et introspectif. Nous prenons toutefois le chemin du retour avec une sensation agréable de paix intérieure ».

Magazine Chemins numéro 4

Chemin(s), le magazine

Un reportage à retrouver dans le volume (4) de notre magazine chemin(s)