Se recentrer grâce au TAO

Pour beaucoup, Compostelle n’est pas une simple randonnée, mais un chemin que l’on entreprend dans une volonté d’accompagner un moment de vie, un changement intérieur. Magali est l’accompagnatrice de notre séjour sur le chemin de Compostelle qui propose une semaine de marche sur l’une de ses plus belles parties, du Puy-en-Velay à Aumont-Aubrac, tout en y alliant quelques exercices liés à la pratique du Tao. Elle nous en dit plus sur cette pratique, qui selon elle se marie idéalement avec la marche sur ce chemin à part.

 Qu’est-ce que le Tao ? Quels en sont les bienfaits ?

Le Tao est une philosophie chinoise ancestrale basée sur le principe de Yin et de Yang, dont découle un ensemble de pratiques physiques et spirituelles, exercices de respiration, méditation, mouvement de Qi Gong... visant à équilibrer le corps et l’esprit. Côté bienfaits, les arts du Tao sont des moyens d’améliorer notre balance physique et émotionnel, et donne des pistes concrètes pour s’ancrer physiquement en nettoyant l’émotionnel, grâce à des méditations reliées aux éléments.

Quel est ton parcours, et comment en es-tu venue à cette pratique ?

C’est un besoin que j’ai éprouvé quelques années après avoir commencé à accompagner des groupes en randonnée. Je faisais du yoga mais je cherchais une pratique qui m’aide à m’équilibrer et à me centrer, qui me rende plus disponible aux autres tout en m’aidant à ne pas me laisser submerger par leurs émotions. Le Tao est une pratique qui m’est apparue idéalement complémentaire à la marche.

Justement, pourquoi proposer d’allier cette pratique avec le chemin de Compostelle ? Quels liens vois-tu entre les deux ?

L’un des principes fondamentaux du Tao peut se traduire par « la seule chose qui est permanente, c’est l’impermanence ». La plupart des randonneurs et randonneuses ne choisissent pas Compostelle par hasard. On marche sur Compostelle lors d’un moment de vie particulier. Et lorsque l’on se met en marche, notamment chez les personnes qui découvrent l’itinérance, quelque chose en soi se met en mouvement.

Dans notre vie quotidienne, notre mental est sur-actif, et nous met des barrières. La pratique du Tao alliée à la marche est idéale pour aider à une transition, pour apprécier au maximum son expérience sur Compostelle en aidant l’esprit et le corps à être disponible pour accueillir l’expérience. Ce chemin est choisi par une majorité de randonneurs et randonneuses qui sont dans une quête de sens et de lâcher prise, dans une envie de bienveillance, une recherche de lien humain qui fonctionne mieux que dans notre quotidien. Le Tao accompagne idéalement la démarche intérieure qui s’enclenche avec la marche.

Comment cela se traduit-il concrètement sur le séjour que tu accompagnes ?

Cela peut-être par exemple une demi-heure de réveil énergétique le matin, un travail d’ancrage, de fluidité dans la colonne vertébrale, puis dans la journée, une transmission, méditation active, en mouvement, une marche en silence... La pratique de Qi Gong que je propose lors des séjours Compostelle va être centrée sur le placement physique du bassin ainsi que de la colonne vertébrale, qui sont 2 parties clefs du corps pour la marche. Il y a par exemple une méditation qui est reliée aux 5 éléments, eux-mêmes reliés à des parties du corps et des émotions. Sur une semaine de marche, on peut en faire une par jour.

C’est en fait assez simple, j’utilise souvent la métaphore du jardinage : chaque jour, on enlève les émotions qui nous polluent, comme les mauvaises herbes, pour favoriser les émotions qui nous font du bien, qui fleurissent ! Sur une semaine, on peut arriver à dessiner les contours d’un beau jardin. Et bien sûr, tout ce travail ne s’arrête pas à la fin de la semaine de marche : ce n’est que le début d’une transformation, et je donne à mes participants toutes les clés pour intégrer dans leur quotidien les bienfaits de cette semaine à marcher ensemble sur le chemin de Compostelle.

Aurais-tu des ouvrages, des penseurs à recommander ?

Lao Tseu, Aisha Sieburth... Un ouvrage intéressant : Vide et plein, par François Shen, aux éditions du Seuil. Par l'étude du langage pictural chinois, ce livre en dit tout autant sur la pensée qui sous-tend le cheminement Tao.