De Conques à Toulouse

Chemin de traverse - Partie 2

Pèlerine dans le château de Najac entre Conques et TOulouse

Seconde partie de notre reportage de Conques à Toulouse. Après l'étape de Villefranche-de-Rouergue, suivons le chemin de Compostelle le long des gorges de l'Aveyron, depuis Najac jusqu'à Toulouse, en passant par Rabastens. 

Après Villefranche-de-Rouergue, le GR 36 rejoint les gorges de l’Aveyron, au fil d’une succession de collines. Au bord du sentier, on ramasse, selon la saison, des prunes, des pommes ou des noix. Une descente à travers la forêt se termine au bord de la rivière, où piquer une tête. Des pierres moussues forment un barrage qui permet de faire quelques brasses dans une eau à une température divine, pas si glacée.

 

Incontournable Najac

La forteresse de Najac surplombe le paysage, accessible par une étroite ligne de crête rocheuse. « C’est l’un des châteaux forts les mieux conservés et les plus spectaculaires d’Europe ! », affirme Christophe Evrard, animateur de l’architecture et du patrimoine du Pays d’art et d’histoire des Bastides du Rouergue. Najac sera la capitale administrative, judiciaire et militaire du Rouergue jusqu’au XIVe siècle. Avec ses archères de sept mètres fendues dans le donjon ou un astucieux jeu d’escaliers, c’est une vitrine de l’art de la guerre.

En contrebas, l’église Saint-Jean, l’une des plus grandes du Midi de la France, à été bâtie aux frais des habitants qui, condamnés à de lourdes amendes, payèrent cher leur conversion au catharisme. La rue principale s’appela, un temps, Cami dal Espanha, preuve que les pèlerins étaient nombreux.

Vue sur le village de Cordes-sur-Ciel entre Conques et Toulouse

Détour par Gaillac

Le GR 36 bascule dans le Tarn, à travers les vignes. Le chemin ondule entre les alignements de ceps à perte de vue. Si la culture du vin de Gaillac remonte à deux mille ans, les moines bénédictins de l’abbaye Saint-Michel de Gaillac développèrent sa production au Xe siècle. Sur le quai du Tarn, d’où les gabarres transportaient les barriques vers Bordeaux, un hôpital accueillit les marcheurs à partir de 1220.

L’été, des apéros-concerts animent les chais. Il reste à ne pas « se perdre entre Gaillac et Rabastens », expression locale qui signifie « être complètement saoul ». La campagne à des airs de Toscane, des pins parasols flirtent avec les rangées de Cyprès, les vignes dévalent les coteaux. Avec, de ci de là, des pigeonniers.

Rabastens, près de Toulouse, sur le chemin depuis Conques - TVattard

 

S'espanter devant l'église de Rabastens

À Rabastens, l’église Notre-Dame du Bourg est l’un des soixante-et-onze monuments répertoriés dans la partie française du chemin de Saint-Jacques classée au patrimoine mondial de l’Humanité depuis 1998. De briques et d’ogives, c’est un fleuron de l’architecture de style gothique et méridional.

On « s’espante » - s’émerveiller en langage du Tarn – devant les peintures aux coloris flamboyants, rouge, bleu et or. Oubliées plusieurs siècles sous des couches de chaux, celles-ci ont été découvertes au XIXe siècle dans un état exceptionnel. Une chapelle dédiée à Saint-Jacques déroule sept épisodes de sa vie, dont le transport de son corps en Galice.

Martine Bourdaries, de l’office de tourisme, est détentrice du beau tampon et en charge de l’accueil des marcheurs. « J’oriente les marcheurs vers les hébergeurs fonctionnant sur le principe du donativo, où donner une participation libre » confie-t-elle. « J’ai du fil, un stock de lacets, de l’eau et du jus de fruit au frais. Car il peut faire très chaud ». Toulouse, le terminus via le GR 46, n’est plus très loin. Un carrefour millénaire de pèlerinage.

Textes : Mathilde Giard - Photos : Tilby Vattard

Magazine Chemin(s) - Volume 2

Chemin(s), le magazine

Un reportage à retrouver dans le volume (2) de notre magazine chemin(s)