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Déconnecter sur le Chemin

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André, guide accompagnateur Compostelle

Accompagnateur de nos randonnées depuis 20 ans, André guide nos groupes de marcheurs sur le Chemin, essentiellement sur la Voie du Puy. Rompu par ailleurs aux techniques de marches alternatives, comme la marche méditative ou la marche afghane, il nous livre ses conseils pour profiter au mieux du chemin.

Pourquoi accompagner des groupes sur Compostelle ?

J'aime accompagner des groupes sur le Chemin car l'ambiance est différente, en général, des autres destinations que j'encadre. En route, nous rencontrons des gens des quatre coins du monde, de toutes conditions. Nous échangeons quelques paroles, nous nous revoyons aux étapes. Cela crée des échanges, de la convivialité entre notre groupe et d'autres marcheurs.

Le Chemin est chargé d'histoire. Depuis 1000 ans, même si nous ne marchons pas exactement sur les pas des pèlerins d'antan, nous allons dans la même direction portés par une sorte, disons, de "mythe collectif". Certains contestent le fait que l'apôtre Jacques soit enterré là-bas mais ce n'est peut-être pas si important. Le Chemin se renouvelle sans cesse ; c'est maintenant un pèlerinage du XXIème siècle. À propos du chemin, voici un extrait du livre de J.C. Ruffin qui me parle particulièrement :  

"Et là, dans ces splendeurs, le Chemin m'a confié son secret. […] Compostelle n'est pas un pèlerinage chrétien  […]. S'il devait être proche d'une religion, ce serait de la moins religieuse d'entre elles, celle qui ne dit rien de Dieu mais permet à l'être humain d'en approcher l'existence : Compostelle est un pèlerinage bouddhiste. Il délivre des tourments de la pensée et du désir, il ôte toute vanité de l'esprit et toute souffrance du corps, il efface la rigide enveloppe qui entoure les choses et les sépare de notre conscience; il met le moi en résonance avec la nature. Comme toute initiation, elle pénètre dans l'esprit par le corps et il est difficile de la faire partager à ceux qui n'ont pas fait cette expérience. Certains, revenant du même voyage, n'en auront pas rapporté la même conclusion. Mon propos n'a pas pour but de convaincre mais seulement de décrire ce que fut pour moi ce voyage. Pour le dire d'une formule qui n'est plaisante qu'en apparence : en partant pour Saint-Jacques, je ne cherchais rien et je l'ai trouvé."

Immortelle Randonnée – Compostelle malgré moi, Jean-Christophe Ruffin, éd. Guérin, 2013.

Déconnecter en marche, est-ce si facile ?

La déconnexion est une affaire de volonté et, en même temps, de lâcher-prise. Pour se déconnecter il faut déjà, je pense, laisser son téléphone en veille ou éteint… Pour être davantage ancré dans le présent, on peut choisir aussi de faire moins de photos. Des photos qui, souvent, s'accumulent dans des dossiers d'ordinateurs et que l'on ne regarde plus jamais. On peut "photographier des yeux", s'imprégner d'un visage rencontré, d'un paysage, de l'atmosphère d'une chapelle. 

Le parcours vers Compostelle est un chemin de rencontres, bien sûr, mais on peut choisir aussi de marcher seul. Même au sein d'un petit groupe, on peut s'isoler un peu en étant devant ou à l'arrière. Il ne faut pas négliger la rencontre avec soi-même. 

Comment recréer le lien avec la nature, avec ce qui nous entoure ? Et avec soi ?

Parfois, un membre d'un groupe me dit "On n'est pas obligé de parler tout le temps, on pourrait marcher en silence". Effectivement, le silence peut nous reconnecter avec la nature environnante. On devient disponible aux chants des oiseaux, aux odeurs des bois, aux rayons de soleil entre les arbres… 

Il faut revenir à nos cinq sens. La clé, c'est l'Attention, avec un grand A. L'Attention permet d'être moins dans les souvenirs du passé ou dans le futur. Les pensées s'espacent et l'on devient disponible dans le présent. On l'oublie souvent, la vie n'existe que dans le présent, d'instants en instants. En ayant ce genre d'attitude, on recrée un lien avec notre environnement et avec soi-même. Nous ne sommes pas séparés de la Nature, nous en faisons partie.

surprenante nature

Photo de la nature prise sur les chemins

Et lorsque l'on ne marche qu'une semaine ?

Même en une semaine, il est possible de se libérer l'esprit. La marche, l'effort répété, est propice à cet exercice mais je l'ai déjà dit, il faut le vouloir. Oublier sa vie professionnelle, familiale, ses "obligations", c'est plus ou moins facile mais cela vaut le coup de se créer régulièrement un moment, quelques jours, entre parenthèses, et laisser son esprit se calmer au fil de la marche.

Quels conseils pratiques peux-tu donner aux futurs pèlerins pour favoriser la déconnexion ?

On peut respirer au rythme de ses pas, tout en étant conscient du fait que l'on marche ; cela demande un peu de concentration, mais c'est très efficace. Il existe de nombreuses techniques, notamment ce qu'on appelle "la marche afghane" ou bien des exercices qui nous viennent du bouddhisme… Un rythme simple : le "3 – 3", trois pas en expirant, trois pas en inspirant, et ainsi de suite. Dans une montée un peu raide, on peut passer sur un rythme "2 – 2". Chacun doit trouver sa cadence selon le terrain, selon sa corpulence, éventuellement avec une expiration plus longue que l'inspiration. 

Il est possible aussi de porter son attention pour sentir le sol sous ses pieds. Inutile de se déchausser, même avec des chaussures de randonnée, on peut ressentir la texture du sol ; les plantes de pieds sont alors des sortes de capteurs. Marcher dans l'herbe, sur le bitume, dans des cailloux ou des feuilles, ce n'est pas du tout la même chose !

En revenant au ressenti, aux sensations, l'esprit se calme et l'on revient dans le présent. Et être dans le présent, c'est lâcher nos préoccupations, n'être ni dans ses souvenirs ni dans un futur hypothétique.

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