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la Via Francigena del Sud

par Sylvain Bazin

Nous retrouvons notre infatigable traileur globe-trotter Sylvain Bazin sur la Via Francigena del sud. Il continue sa collection de grands chemins spirituels du monde après le chemin des 88 temples au Japon, la route du Puy-en-Velay, le Camino Francés, la Via Francigena et la Via de la Plata. Il est actuellement sur la partie sud de la Via Francigena qui part de Rome et va jusqu’à Brindisi.

De retour, Sylvain nous raconte la fin de son périple à travers le sud de l’Italie sur le chemin de pèlerinage nommé Via Francigena. Ces dernières étapes le long de l’Adriatique l’ont mené à la cathédrale de Brindisi d’où les pèlerins anciens embarquaient pour Jérusalem.  

Pèlerin sur le chemin de la Via Francigena en Italie

 

« Ce n’aura pas été très facile ! Des raisons purement physique - j’ai eu assez mal aux pieds - et d’autres plus directement liées au parcours, pas toujours très simple et facile à trouver, m’ont rendu la tâche plus âpre. Cette Via Francigena del Sud est encore en redécouverte, cela se sent. Le parcours demande encore à être retravaillé, aménagé sans doute et parfois sécurisé pour accueillir davantage de futurs pèlerins. J'ai eu parfois des surprises, alors même que je suivais l'itinéraire indiqué par le site et le guide officiels : des sentiers impraticables, obstrués, j'ai dû plusieurs fois rebrousser chemin. 

«  J'ai toujours trouvé une solution pour "retomber sur mes pieds" et ces aléas font partie du charme de ce chemin encore peu couru »

Sylvain Bazin.

Bien entendu, j'ai toujours trouvé une solution pour "retomber sur mes pieds" et ces aléas font partie du charme de ce chemin encore peu couru. J’ai aussi parcouru de trop nombreux kilomètres sur des routes fréquentées et surtout assez peu faites pour les piétons, où il était parfois un peu périlleux d’avancer. Enfin, pas vraiment de frayeurs, mais disons que ce sont des portions où je n’ai pas pu marcher trop sereinement. Sur les pas de l’histoire, cette Via Francigena del Sud suit la colonne vertébrale des antiques Via Appia et Via Traiana. Malheureusement, les routes nationales suivent souvent ces mêmes tracés.

En lisant ces premières lignes, vous allez vous dire que je n’ai pas apprécié mon voyage à pied dans le sud de l’Italie. Et bien non ! Car si ces inconvénients sont réels, j’ai également vraiment apprécié d’autres aspects de ce parcours. Le fil d’Ariane des routes historiques a ainsi aussi son atout : il emprunte quelques portions très bien préservées de ces routes antiques, pour le plaisir de marcher sur les pavés romains dans de beaux environnements. La richesse patrimoniale se rencontre presque à chaque pas. J’ai pu apprécier de traverser de très beaux centres anciens, admirer tant de belles façades d’église, me promener, le soir après l’étape, dans des ruelles hors du temps. Presque difficile d’en dresser la liste, tant chaque cité possède ici souvent un “centro storico”, qui même parfois de petite taille, possède son charme. Alors bien sûr, la cathédrale de Trani, tout au bord de l’Adriatique, le centre de Troia, Bari, Monopoli ou encore le site très majestueux, au-dessus des flots, de la vieille ville de sur Mare, resteront sans doute particulièrement dans ma mémoire, mais le patrimoine a tenu une immense place dans les émerveillements de mon parcours.

Basilique San Antonio sur le chemin de Rome

 

Autre plaisir de mes étapes : la bonne pizza et les petites tratorias. Certes, les prix m’y sont apparus un peu plus élevés que je ne le pensais, mais le réconfort de la cuisine italienne était souvent au rendez-vous !

Enfin, et peut-être surtout, j’ai souvent marché à travers de beaux paysages. De mes premières étapes au-dessus de la méditerranée, aux plus rudes montagnes et campagnes de l’intérieur, de la Campanie aux Pouilles, j’ai pu mesurer la belle variété de la nature en Italie. Le regard balaie de belles étendues sauvages, où quelques beaux clochers viennent rappeler la présence humaine, où des villages fortifiés animent les sommets des collines. La mer aussi, bien sûr, qui rythme mes dernières étapes, offre un spectacle dont je ne me lasse pas.

«  Si vous voulez tenter une expérience un peu "aventure", avec un goût de découverte, la Via Francigena del Sud s'y prête encore vraiment bien. »

J’ai donc aussi vraiment apprécié cette expérience d’un chemin de pèlerinage assez différent de ceux que j’avais entrepris précédemment. J’ai pu souvent constater que la marche ne fait pas encore vraiment partie de la culture locale dans le sud de l’Italie, où d’ailleurs les aménagements pour piétons manquent souvent même aux abords des centres-villes. Le règne de l’automobile est encore très fort ici. Contrairement aux autres chemins, je ne pourrai pas le conseiller à tous les marcheurs. À mon sens, la première portion de Rome à Formia se prête vraiment bien à la randonnée pédestre, le reste du parcours pouvant davantage s’envisager à vélo, avec quelques aménagements et tout de même des précautions sur certaines portions. Mais si vous voulez tenter une expérience un peu “aventure”, avec un goût de découverte, la Via Francigena del Sud s’y prête encore vraiment bien. »

Magazine chemin(s) volume 3

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