La disparition du Codex Calixtinus

Le Codex Calixtinus, aussi appelé Liber Sancti Jacobi, avait disparu le 7 juillet 2011. Après enquête de la police, il a été retrouvé dans un garage non loin de la cathédrale le 5 juillet 2012. Récit de cette histoire incroyable autour de cet ouvrage majeur du pèlerinage. 

Il était précieusement conservé dans une salle de la cathédrale de Santiago, hors d’accès du commun des mortels puisque c’est une reproduction que les touristes ne manquaient pas de photographier lors de leur passage à Saint-Jacques.

Ce vol a plongé l’église, aussi bien que l’état espagnol et les passionnés d’histoire et de culture, dans la consternation. C’est en effet un véritable trésor culturel national qui avait disparu.

Pèlerine écrivant sur un cahier vers Compostelle - TVattard

 

Qu'est-ce que le Codex Calixtinus ?

C’est d’abord un ouvrage ancien du XIIe siècle, de toute beauté, composé de 225 folios de parchemin manuscrits, enluminé et illustré. C’est ensuite un recueil très riche parce qu’il nous propose à la fois :

  • une liturgie liée à St Jacques
  • une hagiographie de l’apôtre détaillant ses « miracles » et sa « translation »
  • un épisode de type épique sur la guerre de Charlemagne contre les Maures (aidé par le Saint, bien sûr)
  • un guide du pèlerin, véritable « topo » avant l’heure, qui décrit les différents itinéraires, les choses à voir, la traversée des cours d’eau, le caractère des populations traversées et autres détails savoureux
  • enfin, des partitions médiévales de chant, exceptionnelles pour l’époque, parce que polyphoniques

 

Qui a écrit le Codex ?

Officiellement, le pape Calixte II et un certain Turpin (pour le récit lié à Charlemagne). La plupart des chercheurs pensent qu’il y a trop d’anachronismes pour que ce soit possible. Certains indices poussent plutôt à l’attribuer à un prêtre poitevin, Aymeric Picaud, cité plusieurs fois dans l’ouvrage. Si les historiens ne sont pas tous d’accord sur ce point, il semble certain que le ou les rédacteurs principaux aient été français, sans doute liés à l’abbaye de Cluny, mais aussi que ces textes aient été maintes fois remaniés. Il en existe d’ailleurs plusieurs copies. Il est certain aussi que la ferveur religieuse a été à l’origine de cet énorme travail, même si on ne peut écarter les intérêts politiques existant à l’époque, liés en particulier à la résistance contre l’occupation Maure.

On n’est pas obligé de s’intéresser aux livres anciens, à fortiori en latin, pour parcourir et apprécier les chemins de Saint-Jacques. Mais cet ouvrage unique qui pouvait servir aussi bien à dire la messe, qu’à entretenir la légende ou à donner des informations pratiques sur le voyage, fait partie du patrimoine du Chemin et de l’Humanité toute entière.

Texte rédigé par Rémy Fourasté