Cordes-sur-Ciel

La perle des bastides

Voyageur dans les ruelles de Cordes-sur-Ciel sur le chemin de Conques à Toulouse

Cordes-sur-Ciel a été membre du club des plus beaux villages de France puis élu village préféré des Français en 2014. Autant de titres qui valent une halte et un détour, sur la voie de Conques à Toulouse...

 

Un château dans le ciel

Sa vision, au détour d'une balade, a inspiré le réalisateur japonnais Miyazaki pour le générique de son dessin-animé "Le château dans le ciel", sorti en 1986. C'est dire. Lorsqu'elle est entourée de nuages, la "perle des bastides" du Midi semble flirter avec les hautes sphères...En 1993, tout naturellement, le mot "ciel" a été accolé au nom du village. L'implantation de Cordes sur son puech - pic rocheux en occitan - remonte,elle, à 1222. Une appellation liée à la ville de Cordoue, en Espagne, les deux cités ayant en commun l'artisanat du cuir. C'était alors la croisade des Albigeois contre les Cathares. Le comte de Toulouse, Raimond VII, édifia une bastide pour abriter les habitants chassés de chez eux. 

Ces derniers vont devenir d'habiles négociants à l'échelle européenne. Leur fonds de commerce : le cuir, mais aussi la toile, les céréales, le pastel... Cordes connaît la prospérité jusqu'au XVIe siècle, comme en témoignent ses façades gothiques de style italien. Plus on grimpe vers la rue principale, tracée d'est en ouest, plus on remonte dans le temps. Un hôpital Saint-Jacques, créé au XIVe siècle, hébergeait les pèlerins. Seule sa chapelle subsiste, restaurée dans les années 1970. Les pénitents montaient à genoux l'escalier du Pater Noster, qui compte autant de marches que le nombre de mots dans le Notre Père en latin : cinquante-deux. 

Vitraux de l'église de Cordes-sur-Ciel entre Conques et Toulouse - TVattard

 

Un décor de cinéma

Au XIXe siècle, Prosper Mérimée, chargé par Napoléon III d'établir un inventaire du patrimoine architectural français, impulsa, avec Viollet-le-Duc, la restauration de la cité pour en faire le bijou d'aujourd'hui. Au XXe siècle, Albert Camus y rédigea ses derniers livres. "Le voyageur qui, de la terrasse de Cordes, regarde la nuit d'été sait ainsi qu'il n'a pas besoin d'aller plus loin et que, s'il veut, la beauté ici, jour après jour, l'enlèvera de toute solitude", écrivit-il. Au XXIe siècle, Stéphane Bern en fait le "village préféré des Français", en 2014. Face au flot ininterrompu de touristes, on imagine sans peine l'incessant va-et-vient d'autrefois. Les marcheurs apprécieront davantage ce joyau en fin de journée et au petit matin, seuls sur les pavés. Dans leur sac à dos : des croquants de Cordes aux amandes, souvenir gourmand de cette étape du chemin de Compostelle.  

 

Détour conseillé de Conques à Toulouse

Cette petite promenade d'une heure ne fait pas partie de l'itinéraire de Compostelle. Mais elle est recommandée, au lever du soleil au printemps ou à l'automne, quand la mer de nuages envahit la partie inférieure du village. Depuis la place de la Bouteillerie, marcher rue de la République, suivre les panneaux pour le GR 46 vers Virac, passer devant la gendarmerie puis prendre le chemin de terre à gauche. Le sentier mène au haut de la colline, appelée le Pied Haut, d'où le panorama est somptueux. Pendant la montée, remarquez la végétation méditerranéenne dont l'herbe Coriaria Myrtifolia, utilisée au Moyen-Âge pour tanner les peaux d'animaux. 

Textes : Mathilde Giard - Photos : Tilby Vattard

Magazine Chemin(s) volume 2

Chemin(s), le magazine

Un reportage à retrouver dans le volume (2) de notre magazine chemin(s)